Wish est la première série 100% des Antilles françaises qui plonge le spectateur dans l’industrie musicale. Des notes éthérées raisonnent. Elles viennent de la flûte de Dédé Saint-Prix. « Décolaj o coco sizè d’maten soné jou ka ouvè. West Indies », reprend Slaï. C’est ainsi que s’ouvre la série 100% des Antilles françaises, Wish. En dix épisodes, la série musicale dépeint une saga familiale à la tête d’une maison de disque aux prises avec des problèmes financiers.
Il s’agit d’une première aux Antilles. Voire « historique », selon le co-réalisateur Julien Dalle. Une série 100% des Antilles françaises a fait fraîchement son apparition sur nos écrans. Devant et derrière la caméra, uniquement des Antillais y compris pour la partie production et technique. Depuis quelques semaines, la série Wish est disponible sur la plateforme de Canal +. Tournée en Guadeloupe, Wish se décline en dix épisodes de 26 minutes. La série grand public narre l’histoire d’une saga familiale dans l’industrie de la musique aux Antilles.
Aux manettes, deux réalisateurs chevronnés, Julien Dalle et Dimitry Zandronis.
Dans le rôle principal d’Edith, un visage mais surtout une voix bien connus des Antillais et au-delà, Methi’s qui fait là ses premiers pas devant une caméra. La chanteuse campe le rôle d’une jeune femme qui, à la mort de son père, hérite d’une maison de disques en mauvaise passe. Dans, le rôle de la matriarche, Firmine Richard qui a notamment souvent collaboré avec Julien Dalle.
Firmine Richard et Méthi’s en têtes d’affiche
« Rassembler » : ce mot est au cœur du concept de Wish. « C’est un projet atypique et fédérateur qui a pour objectif de créer du lien entre nous. » Ce « nous » dont parle le réalisateur, Julien Dalle, comprend les artistes musicaux de toutes générations et les Antillo-Guyanais y compris ceux qui vivent dans l’Hexagone. Euzhane Palcy ou Christian Lara entre autres, les pionniers du petit comme du grand écran ont ouvert la voie. « Ce sont des aînés pour lesquels j’ai beaucoup de respect. » Sa passion pour le cinéma débute par le Siméon d’Euzhane Palcy. « Ça a été un choc magnifique pour moi. Je nous ai vus. »
Les origines de la naissance de la série Wish prennent leurs racines lors de la sortie du dernier long métrage de Julien Dalle, Secrets de famille en 2019. Le film rencontre un vif succès tant en Guadeloupe qu’en Martinique. Lors des projections, le réalisateur voit ses idoles musicales faire le déplacement pour voir Secrets de famille avec la même demande : « Ki tan ou ka fè nou joué adan film’aw ? » « Comment je vais arriver à faire jouer autant de chanteurs que j’aime dans un même film ? C’est là que j’ai eu l’idée de faire une série sur l’industrie de la musique. »
Julien Dalle veut raconter des histoires, des histoiresdes Antilles françaises sur des thèmes universels. Pas de communautarisme autour de Wish. « La série n’est pas fermée sur elle-même. Elle parle d’histoire de famille comme il y en a dans le monde entier. »
Wish, un projet qui fait l’unanimité
Lors de la mise en marche de son projet, Julien Dalle a tout de suite rencontré l’adhésion. « Dans l’intention, c’est un projet qui fait l’unanimité car tout le monde comprend l’objectif d’unité. » Dans un esprit de partage et de transmission, une quarantaine de jeunes guadeloupéens et martiniquais ont pu visiter les plateaux de tournage.
Créer du lien est le maître mot de Julien Dalle, entre les chanteurs, les acteurs, les générations ou encore les spectateurs. Musique traditionnelle, zouk, musique urbaine se côtoient et se complètent dans la série. Julien Dalle et son équipe ont pris le pari de faire des duos entre artistes qui n’avaient jamais collaboré.
Dès les premières images, dès les premières notes, la série donne le la. Un public et quatre artistes qui reprennent West Indies de Patrick Saint-Eloi, la chanson préférée du réalisateur. La scène est intimiste. Le ton est donné. Le public retrouve dans Wish une véritable volonté de rendre hommage aux artistes qui ont fait l’histoire de la musique des Antilles françaises. « Dès le départ, on montre notre ambition.
On rend hommage aussi à nos artistes aînés, à la discographiedes Antilles françaises dans son entièreté. Par exemple, on retrouve Max Severin des Vikings. » Plus de soixante chansons sont revisitées dans la série.
Le réalisateur a pu prendre le pouls du succès naissant de Wish. En effet, les deux premiers épisodes ont été projetés en avant-première en Guadeloupe, en Martinique et en Île-de-France.
Mais Julien Dalle, réalisateur au style contemporain et authentique, n’en est pas à son premier essai. Il n’en reste pas moins que l’auteur de trois longs-métrages a éprouvé une pointe de fébrilité à la sortie de Wish. « C’est un produit cinématographique qui est un peu particulier. C’est une série de fiction autour d’une saga familiale mais dans laquelle apparaissent de nombreux artistes et personnages qui jouent leur propre rôle. »
Julien Dalle révèle qu’il a été complexe que la présence de tant d’artistes ne soit pas perçue comme une simple addition au détriment de l’histoire. Le réalisateur a dû jouer au funambule pour ne pas tomber dans l’écueil de la comédie musicale mais garder le cap d’une série qui parle de l’industrie musicale. « L’histoire de fiction est la priorité mais la série est parsemée de parties musicales. »
Comme des airs du Grand Méchant Zouk
La série Wish gagne en popularité dès son tournage. « Le chemin que l’on faisait ensemble que ce soit le tournage, les castings, etc. était aussi important que la série en elle-même », ajoute le réalisateur qui a le sentiment du devoir accompli. « Là où en Martinique et en Guadeloupe, nous avons vu une montée des clivages, nous avons voulu impliquer la population pour qu’elle vive cette aventure avec nous. Elle a d’ailleurs complètement adhéré au projet. »
Telle une madeleine de Proust, la série Wish a comme un goût de Grand Méchant Zouk. Les générations d’artistes se rencontrent, collaborent et s’unissent sur scène. En plus de s’intéresser à la lumière des chanteurs, Wish se glisse dans l’ombre des coulisses et fait découvrir le monde de la production musicale. « Entre 1985 et 1995, il y avait une véritable ère d’or de la musiquedes Antilles françaises. Les chanteurs pouvaient vivre de leur musique. » Puis le secteur a connu un coup de mou impactant les chanteurs tout comme les producteurs.
Pour consacrer toute une série à la musiquedes Antilles françaises, il fallait un fin mélomane. Julien Dalle se décrit comme un passionné de musique mais pas que. Le réalisateur est aussi compositeur, talent dont il a usé pour écrire des chansons spécialement pour Wish. Au lycée et même lors de ses études supérieures, il a pu approfondir sa fibre artistique. Pendant dix ans, il a fait partie de différents groupes de musique. « En tant que musicien et chanteur amateur, j’ai connu les coulisses de ce milieu.
Cela me permet peut-être d’être le plus authentique possible dans la retranscription de ce monde. » La musique est omniprésente dans ses œuvres cinématographiques. « Je trouve passionnant de passer à travers la société des Antilles françaises avec le filtre de la musique car il y a de nombreux éléments que l’on peut expliquer et mettre en valeur.»