Ce 16 octobre 2025, au Centre International de Séjour de l’Étang Zabricot, à Fort-de-France, l’Association Carrefour Barel Coppet (ACBC) consacre sa soirée culturelle à José Privat.
Le pianiste martiniquais, figure historique du groupe Malavoi, reçoit ce soir le Trophée Barel Coppet pour l’ensemble de sa carrière : plus de quarante-cinq ans d’un parcours où l’humilité accompagne la maîtrise.
L’événement s’inscrit dans les Jeudis culturels de l’association, qui distingue chaque année une personnalité majeure du patrimoine artistique local.
Le Trophée Barel Coppet : une reconnaissance enracinée
Créé par l’ACBC, le Trophée Barel Coppet rend hommage à celles et ceux qui portent haut la culture martiniquaise.
Son nom rappelle l’écrivain et humaniste Barel Coppet, défenseur du dialogue entre arts, savoir et engagement citoyen.
La remise du trophée à José Privat s’inscrit dans cette filiation : célébrer les bâtisseurs d’une identité musicale ouverte au monde tout en restant profondément attachée à la terre natale.
Pour beaucoup d’observateurs, cette distinction sonne comme une évidence.
Discret mais influent, il a façonné, derrière son piano, l’un des sons les plus emblématiques de la Martinique contemporaine.
José Privat : quarante-cinq ans d’un dialogue entre tradition et modernité
Autodidacte, José Privat commence par le violon avant de se tourner vers le piano, où il trouve son langage naturel.
Dès les années 1990, il rejoint Malavoi, formation mythique qui a redéfini la musique traditionnelle antillaise en y mêlant cordes, rythmes créoles et influences jazz.
Aux côtés de Paulo Rosine, puis dans sa continuité, il devient l’un des garants de l’identité harmonique du groupe.
Ses collaborations multiples – avec Édith Lefel, Gertrude Sénin, Beethova Obas ou Luther François – témoignent d’une carrière où le talent s’exprime avant tout dans le service de la musique collective.
Ses pairs soulignent une constante : la justesse du geste, la modestie de l’artiste et une élégance rythmique rare.
Clin d’œil (2024) : la maturité d’un musicien libre
Paru en avril 2024 chez Aztec Musique, l’album Clin d’œil marque une étape majeure.
Entièrement joué à l’orgue Hammond B3, il réunit Ralph Lavital, Tilo Bertholo, Elvin Bironien et Tricia Evy, avec la participation de son fils Grégory Privat.
L’album conjugue swing caribéen, jazz et réminiscences de biguine dans une écriture à la fois sobre et lumineuse.
Le morceau d’ouverture, Coin Carbet, évoque ses racines foyalaises, tandis que Toujou La ou Clin d’œil prolongent la conversation entre générations d’artistes.
Pour José Privat, ce disque résume l’esprit d’une vie : faire dialoguer les héritages sans jamais les figer.
Une transmission accomplie
Le parcours du pianiste prend une dimension plus intime à travers son fils Grégory Privat, figure reconnue du jazz contemporain et Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Leur complicité musicale illustre une passation réussie : le père incarne la mémoire de la biguine et de la mazurka, le fils en porte la modernité sur les scènes internationales.
La remise du Trophée Barel Coppet à José Privat réaffirme cette continuité, plaçant la transmission familiale au cœur du patrimoine caribéen.
Le sens d’un hommage
L’initiative de l’ACBC dépasse le simple cadre d’une distinction : elle met en lumière la valeur du travail patient, souvent éloigné des projecteurs, qui maintient vivante la musique de la Martinique.
Dans un paysage culturel en constante mutation, José Privat rappelle qu’un artiste peut rester fidèle à ses racines tout en innovant.
Son influence se mesure autant dans les partitions qu’il signe que dans les musiciens qu’il inspire.
Ce Trophée Barel Coppet prend ainsi la valeur d’un repère : il unit la mémoire d’un territoire, la reconnaissance d’un public et la gratitude d’une génération envers l’un de ses maîtres.
Une reconnaissance partagée
L’événement de ce soir rassemble musiciens, journalistes, mélomanes et anciens collaborateurs du pianiste.
Sur scène, quelques notes suffisent pour rappeler l’étendue d’une carrière tissée de respect et de passion.
À travers José Privat, c’est tout un pan de la création antillaise qui se voit célébré : celui d’une musique exigeante, ancrée dans l’émotion, tournée vers la rencontre.
La remise du Trophée Barel Coppet à José Privat n’est pas seulement une récompense : c’est un geste de gratitude collective.
Elle vient rappeler qu’au-delà des modes, la Martinique continue de porter des artistes dont la force réside dans la sincérité.
Ce soir, à Fort-de-France, les touches du piano de José Privat résonneront comme un écho à tout un patrimoine, celui d’une île qui sait dire merci à ses musiciens.